Pourquoi j'ai arrêté d'utiliser des enrênements avec mon cheval ?

  • Biomécanique équine
  • 16 Février 2022
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C’est un article spécial que je te propose aujourd’hui.

J’ai décidé de traiter cette problématique des enrênements parce que je vois fleurir des tonnes de contenus qui sont strictement contre tous les enrênements. Je tenais à te donner mon point de vue, qui n’est pas si catégorique que ce qu’on peut trouver dans la majorité des cas sur internet.

On parlera ici seulement de 2 enrênements, parce que ce sont les 2 seuls que j’ai utilisés avec mon cheval. Ce sont les 2 seuls dont le fonctionnement me semblait pertinent. Ce sont donc également les 2 seuls que je conseille à mes élèves, dans certaines conditions.

Dans cet article tu vas découvrir :

  1. Mon parcours en équitation (si, si.. ça a un rapport avec mon point de vue sur les enrênements)
  2. Dans quelles situations les enrênements peuvent être intéressants à utiliser
  3. Pourquoi j’ai arrêté d’utiliser des enrênements

1. Mon parcours en équitation

Je suis cavalière depuis l’âge de 10 ans. J’ai commencé relativement jeune. Mais à cet âge, j’étais déjà dans la recherche du fonctionnement du cheval. Il ne m’intéressait pas de faire des tours de poney pour faire des tours de poney. Moi ce que j’aimais, c’était de comprendre comment le poney fonctionnait. Pourquoi il va à droite quand je veux aller à gauche (oui je sais, on a tous connu ça) ? Et comment je peux faire en sorte d’être sûre qu’il ira à gauche si je lui demande d’aller à gauche ? Ça a commencé comme ça.

Au tout début de mon équitation, je cherchais comment je pouvais “contrôler” le poney du mieux possible. Ça a été mon premier objectif.

Assez rapidement, mon moniteur de l’époque m’a introduit des notions de travail du dos du cheval. Il (Greg si tu passes par là ?) avait une éducation de hunter et de concours complet. Il était très tourné positionnement du cavalier et travail du dos du cheval dans un objectif de préservation de son physique.

Toute mon adolescence, j’ai entendu parler du dos des chevaux. Il m’a très vite introduit des notions d’extension d’encolure, travail de 2 pistes... Dans l’objectif de préserver le cheval, pas “juste” parce que c’est stylé.

Je pense que mon intérêt pour la biomécanique du cheval vient de là. Si toi aussi tu as fait du concours complet, tu sais que, ça peut être un sport assez difficile pour le physique des chevaux. C’est pour ça que bon nombre de cavaliers sont très à cheval sur la santé physique de leurs chevaux. C’est donc naturellement que quand Greg (mon moniteur de l’époque) est parti vers d’autres horizons professionnels, je me suis tourné vers d’autres enseignants orientés concours complet. J’ai, chez tout ceux que j’ai choisi, trouvé cet objectif de préservation physique des chevaux. Et mon apprentissage a continué, s’est précisé. j’ai progressé dans cette optique de préservation puis d’amélioration du bien-être physique de mon cheval.

Chez tous les entraineurs, enseignants avec qui j’ai travaillé, je suis passée par une phase d’enrênements. Mais pas n’importe lesquels ni n’importe comment. Comme tout outil, l’utilisation d’un enrênement nécessite un apprentissage.

 

2.Dans quelles situations les enrênements peuvent être intéressants?

Oui, tu as bien lu, les enrênements peuvent être intéressants. Alors mettons une nuance, ça dépend de quel enrênement on parle et comment on le règle. Mais oui, certains peuvent être intéressants.

Dans le travail à pied des chevaux au dos fragile.

En fonction du niveau du cheval et du cavalier, j’aime utiliser un enrênement chambon lors de séances de travail à la longe. Le chambon va avoir l’avantage d’orienter le cheval vers le bas, avec un angle tête/ encolure ouvert. Si on est capable de maintenir une bonne impulsion, c’est un placement qui favorise la flexion du dos. Le cheval contracte ses abdos et vient “monter” le dos. Il travaille donc dans le bon sens pour être capable de porter son cavalier ensuite.

Pour le travail à cheval, en fonction du niveau du cavalier et du cheval, j’aime utiliser un gogue commandé.

Oui, ça fait 4 rênes à ternir pour le cavalier, ce n’est pas tout simple. Mais ça permet d’agir sur l’enrênement et de relâcher quand le cheval a donné la bonne réponse (la base quoi..). C’est pour ça que je dis que ça dépend du niveau du cavalier. Il est important, pour commencer à utiliser des enrênements, que le cavalier soit capable de s’autogérer dans son équilibre aux 3 allures.

Une fois qu’on a ça, le gogue commandé peut être une bonne option pour orienter le cheval vers le bas (le gogue favorise l’ouverture de l’angle tête/ encolure aussi).

Et j’ai bien dit orienter. Je vous parle d’inciter le cheval à aller vers le bas si vous n’avez pas encore le niveau pour le lui demander avec vos aides. Mais il n’est ici pas question de contraindre le cheval à se placer dans une attitude inconfortable pour lui. Tu comprendras la différence dans les paragraphes suivants.

Dans les 2 cas: gogue commandé et chambon, il y a 2 choses très importantes à faire avant de les utiliser:

  • Expliquer au cheval comment ça fonctionne.

Il est important de ne pas négliger cet apprentissage. Avant d’utiliser n’importe quel enrênement, je cherche toujours à expliquer au cheval comment il peut enlever la pression de l’enrênement. Avant de monter dessus ou de le mettre en mouvement, n’hésite pas à aider le cheval à trouver cette solution (basiquement, dans ces 2 cas, explique-lui “si tu baisses la tête, la pression de l’enrênement s’arrête”). Une fois qu’il a compris à l’arrêt, tu peux lui montrer au pas, puis au trot puis au galop et là, seulement, tu commences à l’utiliser dans l’objectif de muscler ton cheval.

  • Ajuster correctement cet enrênement !

Alors, quand on parle d’ajuster, dans la plupart des cas, les gens me demandent à quel point il faut serrer pour que le cheval soit obligé de rester dans l’attitude choisie. Mais moi je vais te parler à quel point il faut le laisser lâche pour que le cheval ne soit qu’incité et pas contraint. Parce que je crois (mais chacun est libre d’être d’accord avec ça ou pas..) que si le cheval ne fait pas, c’est soit qu’il n’a pas compris, soit qu’il ne peut pas. Mais je ne crois pas à la mauvaise volonté des chevaux. C’est pour cette raison-là que je n’aime pas contraindre un cheval avec l’enrênement. Parce que pour moi, s’il ne reste pas dans l’attitude, c’est que quelque chose bloque et tu peux faire plus de mal que de bien.

Alors sur le réglage des ces 2 enrênements, je te propose une façon de faire:

À l’arrêt, tu vas demander à ton cheval de lever la tête. À peu près à la hauteur où il la garde quand il est en mouvement. Tu vas régler ton enrênement pour qu’il soit tendu quand le cheval est dans cette position. Pour les premières séances enrênées, c’est ce que je fais. Comme ça, tu vas inciter le cheval à aller vers le bas de lui-même. Mais en aucun cas le bloquer dans une position qui n’est pas physiologique pour lui.

Ensuite, quand le cheval aura bien compris le principe, tu pourras serrer petit à petit ton enrênement sans jamais dépasser un placement de nuque à l’horizontale du garrot. Oui, ta position la plus serrée sera celle où l’enrênement sera tendu lorsque la nuque du cheval sera à la même hauteur que le garrot. Pas plus bas ! Je rappelle qu’on cherche à inciter, mais pas à contraindre !

Et évidemment, avant de faire tout ça, il est intéressant de faire voir ton cheval à un ostéopathe pour qu’il soit globalement bien dans son corps avant de commencer la musculation.

 

3. Pourquoi j'ai arrêté d'utiliser des enrênements?

Les enrênements peuvent avoir du bon, pour muscler le dos de ton cheval. C’est une solution intéressante en attendant que tu apprennes à placer sa tête où tu veux, par toi-même, sans les enrênements.

J’ai appris à le faire avec mon cheval, donc je n’ai plus besoin d’enrênements. C’est aussi simple que ça. Les enrênements te permettent de passer un cap technique tout en musclant (ou au moins en évitant d’abimer) le dos de ton cheval.

Évidemment, rien ne t’empêche de les enlever si tu te sens prêt à gérer son attitude par toi-même, et de les remettre si tu te perds dans cet apprentissage. C’est le principe d’essai/erreur que j’aime enseigner à mes élèves. Parfois, avant d’enlever complètement les enrênements dans 100% du temps, tu vas passer par un cap de 10% puis 20, puis 30,... jusqu’à ce que tu puisses décider de l’attitude de ton cheval dans 100% des cas.

 

J’espère que cet article t’aide dans ta réflexion sur les enrênements et sur les outils équestres en général. Personnellement, quand j’utilise un outil, je me pose la question de sa fonction, comment je peux l’utiliser pour qu’il ait un effet positif sur mon équitation (et sur mon cheval). Pour ça, il est important de comprendre comment fonctionne cet outil, et de mettre une grosse dose de bienveillance dans chacune de ses utilisations.

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